La méthode champenoise
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Le Champagne, AOC, marque commerciale, symbole ou nom commun?

Alors que la culture de la vigne en Champagne existe depuis l'époque romaine, le vins des rois ou le roi des vins n'est devenu effervescent comme nous le connaissons que depuis la fin du XVIIième siècle.
Mais le Champagne et ses cousins les vins de méthode champenoise ont des goûts très variés. En effet les cépages employés, les sols variés, les dosages permettent d'obtenir des vins du plus brut (sans dosage en liqueur d'expédition) au plus sec (dosage sensible, donc sucre ajouté).
D'autre part les maisons de champagne et de négoce d'effervescents créent un goût particulier, le goût maison, qu'elles tentent de rééditer d'une année sur l'autre. Enfin la plupart des vins sont des vins d'assemblage de plusieurs millésimes diminuant, de ce fait, l'impact de la fluctuation qualitative des millésimes.

1. Elaboration
pressurage- Pressurage
Pour obtenir un moût le plus clair possible, les vendanges sont manuelles et imposent un tri sévère des raisins sains, avant maturité totale.
Le pressurage est léger pour obtenir un jus clair sans coloration par contact des peaux (pour mémoire: le champagne est issu de 3 cépages, un blanc à jus blanc : le chardonnay, et deux noirs à jus blancs : le pinot noir, et le pinot meunier). Il s'effectue dans de grands pressoirs, permettant un écoulement rapide des jus. On procède en général à 2 presses, la première donnant le moût le plus clair et le plus fruité, retenu pour les millésimés.
Le moût est ensuite stocké dans des cuves réfrigérées contenant chacune le produit d'une seule presse.
- Première fermentation
La clarification est réalisée par réfrigération du moût et un collage à la bentonite. Le moût clarifié est ensuite transferré dans des cuves en acier ou des fûts de chêne (chez Bollinger, Krug, et quelques cuvées de propriétaires). Le levurage se pratique avec des levures exogènes permettant un meilleur contrôle des fermentations et une régularité des goûts obtenus. La transformation des sucres est la plus totale possible.
Le degré alcoolique obtenu est la plupart du temps insuffisant entraînant un recours à la chaptalisation.
Les vins font souvent leur fermentation malolactique.

- assemblage (étape clef)
Une fois la fermentation achevée, le vin est stabilisé par le froid pour précipiter et éliminer les particules en suspension, et une nouvelle fois clarifié.
L'assemblage entre les différents cépages peut commencer. C'est l'expression du savoir-faire du maître de chais, chargé d'entretenir le goût et la typicité de la maison de négoce. Il dispose des vins des différents terroirs, des différents cépages et des vins de réserve des 3 années précédentes (à l'exception des millésimés et des Clos).
Les vins assemblés sont de nouveau clarifiés, stabilisés au froid, puis filtrés et collés à la gélatine. Un dernier soutirage donne un vin d'une extrême limpidité.
Avant la mise en bouteille le vin reçoit la liqueur de tirage, composée de sucre de canne dissous dans du vin et des levures. Cette liqueur de tirage entraîne la reprise de la deuxième fermentation.

- deuxième fermentation (stockage sur lattes)
La deuxième fermentation alcoolique élève le degré de 1,2°C, et déclenche la prise de mousse (la transformation du sucre en alcool provoque des dégagements de chaleur et de gaz carbonique qui en se mélangeant au vin produit l'effervescence).
Cette fermentation se produit en bouteilles, dont l'épaisseur du verre est nécessaire pour résister à la pression du gaz carbonique.
Les bouteilles sont stockées sur des claies de bois empilées les unes sur les autres (lattes), dans des caves profondes et fraîches qui permettent de faire durer le processus de fermentation et le contact du vin avec ses lies.
remuage - remuage et gyropalettes (le remuage pour clarification manuelle)
La pratique la plus originale dans les caves champenoises. Des milliers de bouteilles sont placées obliquement, et inclinées et tournées régulièrement jusqu'à la position verticale, bouchon en bas. Le dépôt des lies tombe alors dans le col puis au contact du bouchon. Cette étape manuelle dure plusieurs mois.
L'utilisation de gyropalettes, automate de remuage raccourcit le processus à environ 2 semaines.

- stockage sur pointe (contact avec les lies)
stockage sur pointeUne fois les lies déposées sur le bouchon, les bouteilles sont stockées sur pointe, les goulots s'insérant dans le cul de la bouteille inférieure. Certains Champagne restent des années sur pointe avant dégorgement, gardant une grande fraîcheur.



- dégorgement et dosage
Dégorgement à la volée2 méthodes sont utilisées pour se débarrasser du bouchon. La première, manuelle, s'appelle le dégorgement à la volée. Elle est délicate car il faut éviter une perte de gaz.
La seconde, la réfrigération permet d'obtenir un glaçon en trempant le goulot dans une solution réfrigérante. A l'ouverture du bouchon de la bouteille, le bouchon réfrigéré sera expulsé par le gaz.
L'espace laissé libre dans le col de la bouteille par la disparition des lies est complété par la liqueur de dosage (mélange de sucres de canne et de vin). Le dosage en sucre est plus ou moins important selon le style de vin souhaité. Du plus brut (pas de sucre rajouté) au plus sec ou dosé. Un remuage manuel homogénéise le vin.

- finition et embouteillage
Le sertissage, l'ajout de la collerette et l'étiquetage viennent parfaire la bouteille de Champagne prête à être expédiée.

  • Le Champagne rosé
    Le Champagne rosé est un cas à part. Alors que le mélange vin blanc, vin rouge est interdit dans la CEE, les Champenois ont obtenu une dérogation. Une petite quantité de vin rouge est ajoutée au vin blanc avant fermentation. Il est aussi possible d'allonger la macération du marc avant le deuxième ou troisième pressurage, ou encore de faire un rosé de saignée

    2. Echelle des crus et des terroirs
    - La Production
    3 grands statuts sont présents.
    D'abord le RM ou récoltant manipulateur, viticulteur qui possède et exploite ses vignes en propre. IL vinifie et distribue son produit sous son nom ou sous sa marque.
    Puis la CM ou coopérative manipulante qui comme toute coopérative met en commun les moyens de vinification, élevage, embouteillage, stockage et commercialise sous son nom les raisins récoltés par ses adhérents.
    Enfin le NM ou négociant manipulateur qui achète le raisin au viticulteur et le transforme en Champagne pour le commercialiser sous son nom.

    - Les Crus
    Le sol est crayeux, recouvert d'une fine couche de terre. Dans les Côtes (rebord du Bassin Parisien) la craie est affleurante et contribue pour beaucoup à la finesse des chardonnays. Les raisins du Champagne sont récoltés dans 5 zones répertoriées :
  • La Vallée de la Marne
  • La Montagne de Reims
  • La Côte des Blancs
  • La côte des Bar (Bar sur Aube et Bar sur Seine)
  • Le Sézannais
    En fonction de la zone dont proviennent les raisins, le prix de celui-ci varie pour le négociant.

    - L'échelle des Crus
    Avec le prix de base fixé par campagne par le CIVC (comité interprofessionnel des vins de Champagne), c'est la provenance géographique et principalement le village d'origine qui va constituer le prix auquel le NM va acquérir le kilogramme de raisin.
    La hiérarchie cadastrale divise les 5 zones en 3.
    - les 17 villages côtés à 100% (c'est à dire le prix atteint 100% du prix maximum autorisé)
    - 39 autres communes, qui donnent 43 Crus, sont côtées entre 90 et 99%.
    - Les 276 autres Crus dont le prix ne peut dépasser 89% du prix maximum fixé par le CIVC Ce classement est révisé périodiquement, le plus souvent à la demande des communes. En effet, l'impact du classement est immédiat sur les revenus des viticulteurs de la commune, dont ils sont les principaux acteurs économiques.